Le Lyon-Turin ne doit pas voir le bout du tunnel

Alors que le sujet semble être occulté en France, le Lyon-Turin fait encore et toujours débat en Italie, où le gouvernement se déchire sur la question. Au Mouvement 5 étoiles, qui refuse que ce projet inutile voit le jour, Matteo Salvini répond que le coût prohibitif d’un arrêt du projet rendrait cette hypothèse hors de propos. Alors que le gouvernement français a rappelé vendredi dernier sa volonté de mener à bien ce projet pourtant aussi inutile que dangereux, il serait temps que le débat soit enfin posé chez nous aussi.

Si l’Italie sera tenue de payer des pénalités à l’Union européenne ainsi qu’à la France en cas d’arrêt du Lyon-Turin, il faut néanmoins remettre les choses dans un contexte plus pertinent : ces pénalités, aujourd’hui, seraient équivalentes à environs 2 milliards d’euros. C’est peu comparé aux 24 milliards restants pour compléter le projet, chiffré désormais à plus de 26 milliards alors que ses fondateurs ne parlaient que de 12 au départ !

La vérité, c’est qu’alors qu’il existe déjà une ligne, sous-exploitée, qui ne demande qu’à demande qu’à être rénovée, il faut enterrer ce projet. Le plus tôt sera le mieux pour tout le monde : les finances italiennes, françaises et européennes, mais aussi l’environnement et la biodiversité. Rappelons que le risque est grand de voir 1500 hectares de terre être artificialisés par les infrastructures, les zones d’entrepôts, sans compter les lignes elles-mêmes. De même, les travaux de réalisation, les assèchements du milieu naturel, ou le drainage des réseaux hydrologiques font craindre une perte importante de biodiversité.

L’autre vérité, c’est que l’Italie n’a pas les moyens d’y mettre fin seule, car la France doit y apporter sa contribution également. Profitons de ce moment pour en débattre, nous aussi ! N’attendons pas que l’Italie se décide, et posons-nous la question : le Lyon-Turin est-il vraiment une priorité pour la France et ses habitants ? Puisque tous les sujets sont à mettre sur la table du grand débat, n’ayons pas peur d’affronter la question cruciale des grands projets inutiles : sont-ils vraiment le mode de développement que nous voulons ? Plutôt que de procéder par un référendum à chaque cas qui se présente, mettons la question des grands projets inutiles dans le grand débat national. Entre gabegie financière, corruption endémique et non-sens écologique, le bon sens des citoyens français devrait rapidement aider le gouvernement à rejoindre le camp des opposants au Lyon-Turin comme aux autres projets absurdes de ce type.

Karima Delli, députée européenne, présidente de la commission Transports du Parlement européen
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux d’EELV

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