Exposition aux pesticides : nos cheveux témoins de notre exposition globale

Après avoir montré combien nous étions tous intoxiqués au glyphosate, les écologistes du Parlement Européen ont lancé une campagne de mesure de l’exposition humaine à grande échelle sur une sélection de 30 pesticides, signalés comme perturbateurs du système endocrinien. Karima DELLI, Pascal DURAND, Yannick JADOT et Michèle RIVASI y ont participé et les résultats sont alarmants.

Les pesticides sont omniprésents dans notre environnement, y compris domestique, et dans notre nourriture. Après avoir menédes tests sur la présence de glyphosate dans les urines, les écologistes du Parlement Européen lancent une campagne sur la contamination aux pesticides. Ils ont fait appel à un institut indépendant qui a réalisé des tests capillaires pour 30 pesticides signalés comme perturbateurs du système endocrinien.

Entre fin juillet et octobre 2018148 échantillons de cheveux ont été prélevés dans 6 pays de l’UE : Allemagne, Danemark, Royaume-Uni (Pays de Galles), Italie, France et Belgique. Les échantillons ont été analysés afin de rechercher la présence de l’un ou de plusieurs des 30 pesticides (insecticides, fongicides et herbicides).

Le laboratoire a détecté un ou plusieurs de ces 30 pesticides pour deux tiers des échantillonsLes enfants et les adolescents (10-20 ans) sont les plus exposés (73,7% de cette catégorie d’âge). Tous les pesticides détectés sont des perturbateurs endocriniens (selon les classifications de l’UE, de l’EPA américaine ou du Pesticides Action Network).

Déclaration de Michèle RIVASI, membre de la Commission santé et environnement :

« Ces premiers résultats, car nous n’avons pu explorer à ce stade que 148 échantillons dont 25 en France, montrent notamment que des pesticides interdits persistent dans notre environnement familier. Ceci est d’autant plus grave qu’ils sont tous des perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés et que la Commission européenne ne fait pas de la protection des populations une priorité. Sa nouvelle stratégie sur les perturbateurs endocriniens n’apporte pas de réponses aux dangers sanitaires spécifiques de ces substances qui ne répondent pas au schéma linéaire du dosage valable pour les substances toxiques classiques.

L’autre enseignement de notre analyse exploratoire est que notre exposition aux pesticides ne se fait pas exclusivement par voie alimentaire. En France, le Fipronil, interdit comme pesticide demeure autorisé pour, notamment, les traitements et colliers anti-puces ou anti-tiques de nos animaux domestiques. On ne s’étonnera donc pas d’en retrouver fréquemment dans les cheveux. La contamination passe aussi par les traitements de conservation du bois comme c’est le cas pour l’insecticide Perméthrine. Les sources d’exposition sont multiples. La contamination de notre environnement dépasse donc le simple cadre de notre assiette.

Cette contamination globale montre qu’il existe encore trop de failles dans notre réglementation. Pire, l’incohérence des réglementations (Une même substance peut être interdite en vertu de la législation sur les pesticides mais autorisée par la législation sur les biocides) ne permet pas de protéger les citoyens. Une remise à plat de la législation s’impose tout comme une interdiction globale des substances perturbant le système endocrinien. »

Le rapport est consultable en ligne.

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