10 ans après Sivens : hommage à Rémi Fraisse
Le samedi 26 octobre 2024 marque les dix ans du drame de Sivens, où la répression policière brutale a coûté la vie à Rémi Fraisse, jeune écologiste de 21 ans, botaniste, lors du grand rassemblement les 25-26 octobre 2014 contre le projet de barrage sur la zone humide du Testet.
Dix ans après la mort de Rémi Fraisse, après 10 ans de procédure, nous espérons que la Cour européenne des droits de l’homme fasse droit à la requête de sa famille pour que la responsabilité des autorités ayant ordonné cette intervention violente soit enfin établie. Sa mort semble avoir ouvert la voie à une intensification de la répression des luttes sociales et écologiques. Des milliers de manifestant·es, écologistes et militant·es sociaux, ont depuis subi des violences policières : éborgné·es, mutilé·es, traumatisé·es pour avoir défendu nos biens communs.
La répression est la seule réponse des pouvoirs publics, face à des projets d’un autre temps, et dans bien des cas, entachés de conflits d’intérêts manifestes. Alors que ce que nous dénonçons depuis des décennies est en train d’advenir – le dérèglement climatique – cette criminalisation de luttes écologistes banalise la gravité de la situation.« Dix ans après le drame de Sivens, la mort de Rémi Fraisse n’aurait-elle servi à rien ? À Sainte-Soline, l’année passée, ce sont les mêmes méthodes brutales qui ont été employées face à des militants engagés venus soutenir une alternative agricole vertueuse, dans une véritable approche globale. Il est temps de rompre avec la stratégie du passage en force, qui ne mène qu’à l’escalade des tensions » dénonce Benoit Biteau, député écologiste de Charente-maritime.
Par ailleurs, dans un entretien en date de mai 2024, Michel Forst, rapporteur spécial des Nations Unis, dénonce la répression envers les défenseurs de l’environnement. Il y explique que la répression législative, policière et judiciaire de la désobéissance civile environnementale constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits humains.« La rhétorique outrancière de responsables politiques qualifiant les défenseurs de l’environnement de terroristes, la dérive de l’utilisation des moyens de l’anti-terrorisme pour la répression sont des attaques contre les droits et libertés et provoquent une montée en tension inacceptable pour le débat démocratique. Les alertes environnementales s’accumulent, il est temps de mettre les moyens pour y répondre plutôt que pour les étouffer.» confirme Thomas Dossus, sénateur écologiste.
À Sivens, le projet de barrage a été abandonné et jugé illégal en 2016.La nature reprend ses droits, le territoire se relève progressivement des blessures infligées par l’humain mais la vigilance est toujours de mise. La mobilisation pour la préservation de la zone humide du Testet, la dernière zone humide importante du bassin versant du Tescou, est toujours d’actualité. En effet des menaces subsistent. Certain·es continuent de défendre le projet de barrage, malgré la démonstration des solutions alternatives proposées dans le cadre du projet de territoire pour la Gestion de l’Eau du Tescou.
Les Écologistes appellent toutes les personnes engagées pour la justice sociale et climatique à se rassembler à la Maison de la Forêt de Sivens le 26 octobre 2024. Ensemble, nous rendrons hommage à Rémi Fraisse et à toutes celles et ceux qui luttent pour un avenir plus juste et durable. Ensemble, nous réaffirmerons notre engagement à résister aux projets destructeurs et à promouvoir des alternatives écologiques et solidaires.
Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
Les Écologistes Midi Pyrénées