Deux lettres à M. Borrell contre l’annexion de la Cisjordanie : L’Europe doit sanctionner!
Le gouvernement israélien a présenté ses plans en vue d’annexer formellement de grandes zones de la Cisjordanie à partir du 1er juillet. En tant que député·e·s européen·ne·s, nous ne pouvons rester silencieux face à cette violation du droit international. L’Union européenne doit se saisir des leviers politiques à sa disposition pour sanctionner Israël et tout faire pour freiner ses velléités territoriales sur la Cisjordanie.
Ainsi, j’ai co-signé 2 lettres adressés à M. Borrell; Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires Etrangères :
– l’une, rédigée par la Délégation pour les relations avec la Palestine
– l’autre, cosignée par plus de 1000 parlementaires provenant de toute l’Europe
[Traduction lettre 1]
Monsieur Borrell,
En tant que membres du Parlement européen, nous voulons exprimer notre profonde inquiétude concernant les plans annoncés par le gouvernement israélien d’annexer de jure de grandes parties de la Cisjordanie à partir du 1er juillet.
Si cette menace devait se concrétiser, elle constituerait une violation sans précédent du droit international, compromettant encore davantage une solution pacifique et juste. Cette tentative de perpétuer l’occupation serait le dernier coup porté à la perspective d’un État palestinien viable, avec toutes les implications que cela comporte. L’Union européenne a été l’un des principaux défenseurs de la solution à deux États, conformément aux résolutions des Nations unies, et il est de notre responsabilité de la garantir.
Vous avez déclaré que l’initiative du gouvernement israélien « ne peut pas passer sans être contestée ». Nous nous félicitons de cette déclaration, car ni l’Union européenne ni ses États membres ne doivent reconnaître une situation créée par la violation du droit international. Le silence ou même l’acceptation de la situation par la politique israélienne des « faits sur le terrain » ne ferait que contribuer à perpétuer l’occupation. Si Israël procède à une annexion de jure, nous demandons instamment le déploiement d’un ensemble de contre-mesures immédiates : la suspension de l’accord UE-Israël, l’imposition d’un embargo global sur les armes et l’exclusion d’Israël des programmes de financement de l’UE.
Toutefois, nous pensons que l’UE ne doit pas rester à l’écart face à la perspective d’une annexion. Il est urgent de prendre des mesures de dissuasion efficaces, dont principalement la reconnaissance d’un État palestinien et l’imposition d’une interdiction du marché unique de l’UE pour tous les produits provenant des colonies illégales d’Israël. Nous soutenons que cette dernière mesure n’est en aucun cas une mesure extraordinaire mais simplement le respect de l’obligation de l’UE de ne pas reconnaître la situation illégale, comme l’a signalé le rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour la question palestinienne, Michael Lynk, comme étant le seul moyen d’éviter l’expansion continue des colonies.
La politique de l’UE dans la région n’a pas réussi jusqu’à présent à faire en sorte qu’Israël rende compte de ses violations des droits de l’homme et du droit international. Nous pensons qu’il est nécessaire d’explorer toutes les différentes possibilités qui se présentent si Israël agit sur ses menaces d’annexion, et les États membres ne peuvent pas exclure la possibilité de sanctions. Aujourd’hui, l’Union européenne est le seul acteur international qui, s’il est uni, peut promouvoir un véritable dialogue pour avancer vers une solution pacifique, dont la reconnaissance de l’État de Palestine est une condition nécessaire. C’est peut-être notre dernière chance. L’UE a une énorme responsabilité et nous attendons de vous que vous agissiez en conséquence.
[Lettre 2 cosignée par plus de 1000 parlementaires]