Développer une stratégie industrielle européenne robuste face à la Chine
Pour développer une stratégie industrielle européenne robuste face à la Chine : garder le cap du Pacte vert européen et réaliser des investissements massifs
Mardi 8 octobre, les député·es européen·nes ont débattu sur la décision du Conseil d’imposer des droits de douane sur les véhicules électriques chinois.
Déclaration de Majdouline Sbaï, eurodéputée Verts/ALE, membre de la commission du commerce international :
« L’Union européenne a tenu bon face à la Chine, vendredi dernier, mais la situation était tendue et très incertaine. Nous sommes loin d’un moment où l’Union s’affirme et fait front uni face à des pratiques commerciales déloyales. Et c’est triste, alors que, pour une fois, la Commission osait montrer un peu de muscle et que l’enquête qu’elle a réalisée prouve clairement que les nouveaux tarifs douaniers sont parfaitement légitimes.
L’Allemagne a clairement joué cavalier seul et s’est désolidarisée des Français et Espagnols qui pourront davantage faire l’objet de représailles désormais. Et c’est déjà le cas car la Chine vient de viser directement le secteur du cognac français en décidant d’imposer aux importateurs de cognac européen de déposer une caution auprès des douanes chinoises dès ce vendredi.
Au moment où il nous est impératif d’être plus unis que jamais, certains pointent du doigt les écologistes, boucs émissaires idéaux par excellence, comme étant les responsables des difficultés que connaît le secteur automobile. Ce n’est pas la transition écologique qui est responsable des problèmes actuels, mais notre incapacité à donner aux industriels un cap règlementaire clair et des moyens dédiés dans la durée, à poursuivre les engagements du Pacte vert et à réaliser les investissements massifs dont le secteur a besoin.
Quand les États-Unis ont lancé l’Inflation Reduction Act pour protéger leurs industries en transition, nous avons répondu de manière faible, non coordonnée et peu crédible. Alors que les États-Unis fournissent un financement public conséquent, avec une prévisibilité sur 10 ans, nous tergiversons et rediscutons nos objectifs de réduction de CO2 des véhicules. Sur les tarifs douaniers sur les véhicules électriques, les États-Unis vont bien plus loin et ont décidé, pour leur sécurité nationale, d’interdire, dans un très court laps de temps, les logiciels embarqués chinois (hardware) dans les véhicules électriques.
Si nous ne parvenons pas à dresser le bon constat sur les véhicules électriques, ce sont des pans entiers de notre économie, secteur par secteur, qui risquent de s’écrouler. Le secteur textile est déjà menacé avec les pratiques des plateformes en ligne, la Chine s’en prend aujourd’hui à l’agriculture et aux spiritueux. Ne soyons pas naïves et naïfs, restons fermes et un·eis et développons, enfin, une stratégie industrielle digne de ce nom. »
Majdouline Sbaï