Discours de Julien Bayou – Conseil fédéral EELV du 9 janvier 2022
Chères amies, chers amis,
Je voulais bien sûr commencer mon intervention par vous adresser à toutes et tous mes meilleurs vœux pour l’année 2022.
Des voeux de santé d‘abord, notre bien le plus précieux et peut-être le plus fragile, qui est au coeur de nos préoccupations et de nos inquiétudes depuis le début de la pandémie,
Des voeux de partage avec celles et ceux qui nous sont chers mais aussi avec celles et ceux qui nous étaient étrangers et avec qui, par le partage, nous refaisons humanité,
Des vœux tout simplement de bonheur, le bonheur de nous retrouver en présentiel, de nous retrouver sans masque, sans peurs, sans risque, bref le bonheur de trouver une vie normale dont nous sommes privés depuis deux ans. Et mieux que de retrouver la vie d’avant, changer la vie, pour faire valoir notre droit au bonheur;
Et pour cela il nous faut tirer les leçons de la crise.
Car depuis deux ans, déjà, nous vivons au rythme des vagues de la pandémie. Ou plutôt une syndémie ;
Une syndémie caractérise un entrelacement de maladies, de facteurs biologiques et environnementaux qui, par leur synergie, aggravent les conséquences de ces maladies sur une population. On sait que les pauvres ou les travailleurs précaires, les séniors isolés sont plus victimes.
Ces zoonoses sont aussi la conséquence, nous le savons, de notre rapport au vivant.
Comment ne pas y voir une alerte. Celui d’un monde que nous maltraitons depuis si longtemps au point de provoquer des cyclones, des sécheresses et des pandémies. L’histoire du covid n’est rien d’autre au fond qu’un crash test mondial, car nous le savons, le dérèglement climatique est porteur de catastrophes que ces catastrophes toucheront comme ce virus en particulier les plus vulnérables; que ces catastrophes viendront aggraver les difficultés que connaissent déjà nos sociétés.
et pour nous en protéger, rien n’est fait.
Aujourd’hui, pareil a l’idiot qui regarde le doigt quand on lui montre la lune, le Président de la République continue de traiter les effets sans s’attaquer aux causes du mal, en insultant au passage les citoyennes et les citoyens. Ce quinquennat est celui du déni. Le déni de la crise climatique qui pourtant ne peut plus être ignorée et raillée comme elle l’a été si longtemps. Le déni de libération des brevets des vaccins, car nous le savons, c’est là la seule solution pour sortir, enfin, de la pandémie. Le déni du respect de la parole donnée que ce soit à la Convention citoyenne ou plus généralement sur tous les sujets relatifs à la protection du climat et du vivant ou de la justice sociale.
Alors, plus que jamais, devant l’échec de ce crash test, devant les renoncements et devant les reculades, nous, écologistes, devons nous tenir prêts à exercer les responsabilités. C’est avec sérieux que nous avons préparé cette élection présidentielle, comme nous l’avions fait pour les élections européennes, pour les municipales, les régionales et les départementales. Nous avons réalisé un important travail de collecte de signatures pour notre candidat, et c’est en bonne voie mais je vous demande de redoubler d’efforts pour contacter et convaincre autour de vous. Nous avons négocié et obtenu le prêt financier nécessaire pour avoir les moyens de faire campagne. Nous avons travaillé avec les commissions, avec les autres mouvements partenaires, des scientifiques, la société civile, militant-es et élu-es, pour construire le programme écologique et social dont le pays a besoin.
C’est maintenant que notre campagne démarre. Le temps est venu de sortir des tergiversations sur une énième primaire dans laquelle des candidats en manque de souffle ont voulu nous entraîner. Ces propositions qui, parties d’une noble intention, se vident un peu plus chaque jour de leur ambition. Nous le savons, l’écologie ne peut pas être diluée dans un projet qui, par exemple, ne respecte pas les objectifs de l’Accord de Paris. L’écologie bénéficiera de la clarté, de la force et de la cohérence que nous lui donnerons.
Nous le voyons les sociaux-démocrates ont plusieurs candidats, nous verrons ce qu’il en sera à la fin, la droite en a plusieurs aussi, dont acte, cette année, même l’extrême-droite se présente en ordre dispersé, qu’il en soit ainsi mais ne perdez pas de vue que l’écologie, elle, n’a qu’un candidat pour porter ses couleurs. Il s’appelle Yannick Jadot, il est soutenu par un large rassemblement de partis écologistes dont nous sommes fiers, il est le vainqueur d’une primaire qui a réuni plus de 100.000 personnes, il est en campagne, il est celui qui porte nos couleurs, celui qui doit nous faire gagner. Alors ne nous laissons pas distraire, on a plus le temps d’un nouveau mandat de l’inaction pour le climat, le vivant, la justice. Notre temps est venu. Nous sommes écologistes et notre projet se suffit car il est la réponse qu’il faut à l’époque.
Mes amis, aujourd’hui nous rentrons en campagne. Elle doit être la plus belle élection présidentielle que nous n’ayons jamais faite. Je vous le demande : ne vous interdisez pas de rêver et de faire rêver. Il est temps de parler de notre programme et dire haut et fort que le changement, comme disait Yannick à Laon, c’est possible.
Passer aux énergies propres en réorientant la recherche et en faisant l’effort financier nécessaire y compris pour la sobriété et la renovation thermique, pour notre avenir, pour la planète mais aussi pour que chacun se chauffe correctement et faire de la France une pionnière dans ces technologies d’avenir. C’est possible
Retrouver une agriculture saine, une agriculture qui fait vivre dignement ses paysans plutôt que de les empoisonner, qui permet à chaque enfant de manger sainement. C’est possible
En finir définitivement avec le glyphosate, pas juste l’annoncer, mais le faire. Et mener la bataille pour étendre cette interdiction à toute l’Europe. Et en finir avec les néonicotinoïdes dans la foulée, c’est possible bien sûr.
Interdire la chasse et pouvoir se promener en forêt, profiter de la nature, retrouver le droit à la sérénité et à l’émerveillement sans avoir peur de prendre un coup de fusil, oui c’est possible.
Soutenir la jeunesse quand depuis des décennies on soutient les entreprises, les banques et les milliardaires. Oui l’autonomie de la jeunesse et la fin de la misère c’est possible
En finir avec les féminicides, les discriminations, les dominations ancestrales, c’est possible.
Respirer dans nos villes, manger sainement, développer des emplois verts qui ont du sens, protéger les animaux, prendre le temps de vivre. Tout cela est possible et à portée de main. Dans cette campagne il nous faut raconter ce monde dont nous rêvons et convaincre pour, demain, le bâtir tous ensemble.
Cette année, tous les signaux sont au vert pour nous. La société française est beaucoup plus prête au changement qu’on ne le dit. L’enquête de l’Institut Pline de cette semaine a encore montré, pour ce début d’année, que sur les bonnes résolutions qu’étaient prêt à prendre les Français-es, quatre sur cinq étaient de bonnes résolutions écologiques : trier ses déchets, faire des économies d’énergie, lutter contre le gaspillage alimentaire et, plus étonnant, moins prendre l’avion.
Nous le savons ces gestes seuls ne sauraient suffire et c’est pour cela qu’il faut gagner ces élections pour changer le système pas le climat. Mais vous le voyez, la société est prête, il ne tient qu’à nous d’incarner ce changement. Alors, allez dire partout qu’il n’y a qu’un seul candidat écologiste, allez dire à toutes et tous que l’écologie est un projet qui se suffit à lui même, qui répond aux enjeux du siècle dans lequel nous vivons, dites leur de nous donner de la force et nous nous montrerons à la hauteur de leurs espoirs, dites leur qu’il n’y a que trois projets sur la table, celui du retour au passé, d’une France recroquevillée sur elle même qui a peur de tout et de tous, celui du présent, d’un conservatisme qui veut sauver le monde tel qu’il est, sauver les intérêts des gagnants de ce système qui broie la nature et les êtres humains, et le projet d’avenir, celui qui protège prépare et répare le monde pour que nos enfants puissent y vivre.
Ce projet d’avenir c’est l’écologie, et rien d’autre. Alors partout, partons en campagne, nous avions réuni 3 millions de voix aux élections européennes avec 13%, cette fois nous serons au deuxième tour de l’élection présidentielle, et il ne tient qu’à nous de rendre la victoire possible.
Tous mes vœux pour cette année, et par égard pour les personnes avant nous qui ont porté l’écologie dans les périodes où les signaux n’étaient pas au vert, par égard pour la génération qui vient qui a soif de justice, à nous d’écrire les plus belles pages de l’écologie.
Julien Bayou
Seul le prononcé fait foi