Enfermer, trier, expulser
L’Europe contre les droits fondamentaux
Dans une lettre publiée le lundi 14 octobre au soir que vous avez sans doute déja vue, Ursula von der Leyen, envisage de permettre des “centres de retours” dans des pays tiers afin d’accélérer l’expulsion d’exilé·es dont la demande d’asile a été rejetée.
Le même jour, l’Italie a débuté l’expulsion d’un premier groupe de demandeurs d’asile vers des centres en Albanie.
La mise en place de ces centres dans des pays tiers, à l’image du très controversé accord entre le Rwanda et le Royaume-Uni, marquerait un tournant décisif et dangereux dans la politique migratoire européenne, alors que les négociations du (controversé lui aussi) “Pacte Asile et Migration” se sont terminées fin mai 2024.
Réaction de Mélissa Camara, membre, pour la délégation Europe écologie, de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE)
“Cet excès de zèle de la présidente de la Commission européenne fait uniquement le jeu de l’extrême droite. Cette annonce intervient alors que l’injuste Pacte “Asile et Migration” n’est pas encore mis en œuvre. Encore une fois, la droite européenne cède face aux obsessions de l’extrême droite et s’éloigne de nos valeurs fondamentales.
En poussant encore plus loin l’externalisation de la gestion des exilé·es, Madame von der Leyen n’opère qu’un jeu de surenchère outrancière au détriment des droits humains. Cette annonce intervient après que les Ministres de l’intérieur des pays de l’Union européenne ont débattu jeudi dernier d’un nouveau durcissement de la politique migratoire européenne. La France a immédiatement soutenu ces initiatives, rien d’étonnant dans un contexte dans lequel le gouvernement français a promis de mettre sur la table l’examen d’une nouvelle loi immigration en 2025.
Loin des valeurs d’accueil et d’intégration que j’appelle de mes vœux, les centres de retours sont une mesure populiste, qui permet aux États membres de tourner le dos aux responsabilités qui leur incombent en vertu du droit européen et international. Par cette mesure, les États membres se détournent donc du réel problème : leur non-conformité continue et généralisée en matière de droit européen et international à l’égard de l’accueil des personnes migrantes. »