Guerre en Ukraine et sécurité alimentaire : réaction de Benoît Biteau
Jeudi 24 mars, le Parlement européen a adopté une résolution sur la réponse européenne à la guerre en Ukraine. L’urgence est là : les marchés agricoles s’envolent, menaçant la sécurité alimentaire de près d’un sixième des habitants dans le monde entier. A-t-on produit et produirons-nous assez pour éviter les famines d’ici quelques mois ? Les prix des matières premières agricoles vont-ils être trop élevés pour que tous mangent à leur faim ?
Les questions auxquelles le Parlement européen devait apporter des réponses sont incontournables et graves. L’Union européenne doit se montrer solidaire des pays importateurs net de céréales et contribuer à assurer la sécurité alimentaire mondiale.
Dans cette résolution, le Parlement ne se montre pas à la hauteur de la responsabilité qui lui incombe. Il ne propose pas de réorienter les flux des céréales destinés à la production d’agrocarburants vers l’alimentation humaine ; il ne propose pas de réorienter une partie des flux destinés à engraisser du bétail vers de l’alimentation humaine. Va-t-on priver 750 millions d’habitants d’Afrique du Nord et du Proche Orient de manger à leur faim pour produire du biogaz et engraisser du bétail en Europe ?
Sur les prix non plus, rien n’a été acté pour garantir l’accessibilité des matières premières agricoles.
En outre, sur la réduction des mesures de protection du climat et de la biodiversité, le Parlement a proposé de :
- Autoriser la culture de terres mises en jachères et d’y autoriser l’épandage de pesticides, ce qui causera des dégâts irréversibles, sans produire des quantités en mesure de répondre au défaut d’exportations russes et ukrainiennes ;
- Flexibiliser les règles à l’importation, pour permettre, notamment, la commercialisation de produits OGM ou avec des limites maximales de résidus de pesticides (LMR) plus élevées.
Ces mesures sont inefficaces pour résoudre les déséquilibres des marchés agricoles et menacent gravement l’atteinte de la souveraineté alimentaire européenne. En se mettant volontairement des œillères pour s’en tenir à l’argument de « produire plus », le Parlement européen se rend complice du cynisme du Conseil et de la COPA-COGECA (le lobby des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne) qui usent de la guerre en Ukraine pour faire avancer leur agenda politique.
Le groupe des Verts/ALE a voté contre. Le dossier de presse de Benoît Biteau analyse la situation à laquelle nous devons collectivement faire face, présente le plan d’action que les écologistes ont défendu et détricote les dogmes éculés dans lesquels le Parlement européen s’est engouffré dans la réflexion de la réponse à apporter aux déséquilibres mondiaux des marchés agricoles.
Benoît Biteau est intervenu lors du débat en plénière.