Intervention des élus EELV lors du conseil communautaire concernant la ZA de Naréous
Mr le président, chers collègues
La présentation au vote du conseil communautaire de la décision visant la création d’une nouvelle ZA à Auch, sur le site de Naréous, est, pour les élus écologistes, un double non sens économique et environnemental.
Par le passé, le développement économique ne prenait qu’accessoirement en compte l’environnement et la biodiversité ; on s’inscrivait dans une logique d’offre (multiplier la création de nouvelles ZA) pour attirer dans chaque commune le maximum d’entreprises et ne pas se laisser distancer : la compétition primait alors sur la nécessaire coopération et solidarité entre les territoires, sans véritable planification ni développement concerté, et la dégradation de la nature était passée sous silence au nom d’un potentiel développement économique escompté.
Nous pensions que ce temps était révolu, que la stratégie d’aménagement fondée essentiellement sur l’achat, l’aménagement et la vente de parcelles de nature était dépassée, que les acteurs politiques avaient intégré les nouvelles orientations et demandes sociétales visant à concilier les objectifs d’un développement économique, social et environnemental (les trois piliers du développement durable).
Mais cette proposition de création d’une ZA sur le site de Naréous nous fait penser que beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Voici nos arguments :
– Nous ne disposons, à l’heure actuelle, d’aucun diagnostic ni information précise concernant les zones en friche dans la ville d’Auch, les communes voisines, et plus largement à l’échelle de l’agglomération, préalable indispensable à toute extension du périmètre des zones d’activité actuelles.
Pour information, dans le cadre du Plan de relance, la région occitanie lance un appel à projet « Fonds friches en Occitanie » qui contribue à l’aménagement durable du territoire et à la relance de l’activité économique en apportant un soutien financier exceptionnel aux projets de reconquête de friches urbaines.
– Par ailleurs, les demandes d’installation à Naréous sont-elles identifiées et sont-elles nombreuses ? Pourquoi donc cet empressement pour la création d’une nouvelle ZA ?
D’autant que des emplacements sont toujours disponibles à proximité (sur d’autres zones d’activité en périphérie de la ville, des locaux toujours disponibles dans les ZA d’Auch, des dents creuses, des friches).
Puis, la situation financière dégradée de l’agglomération ne permet pas d’envisager sereinement le financement d’un tel projet, notamment au niveau des infrastructures nécessaires mais coûteuses : voies d’accès, réseaux, mobilités…
– Enfin, nous manquons de sagacité et d’anticipation envers le changement climatique et la dégradation prévisible de la conjoncture économique.
La crise sanitaire que nous traversons aura malheureusement des répercussions négatives sur le tissu entrepreneurial local. Nous devons anticiper à regret une fermeture accélérée d’entreprises, avec pour conséquence l’abandon de locaux en cœur de ville, qu’il conviendrait de remplacer plutôt que de les laisser à l’abandon.
En résumé, préférons la revitalisation du cœur de ville à la bétonisation des espaces verts en périphérie et à l’artificialisation des sols, d’autant que les dégâts causés à la nature risquent de nous coûter très cher à l’avenir (jusqu’à 100 fois plus cher que le coût de l’inaction). Même si l’économie ne fixe pas un prix à la nature, celle-ci a indéniablement une valeur, qu’il revient notamment au politique d’apprécier et de préserver, afin d’améliorer notre cadre de vie et notre bien être.
En conclusion, les élus écologistes ne souhaitent pas « mettre la ville sous cloche » ; nous ne sommes pas opposés à un développement économique maîtrise, équilibré et durable. Cette stratégie pourrait être basée en priorité sur la reconversion, le recyclage, le renforcement de l’existant et la promotion des nouveaux secteurs émergents, pour créer les conditions d’une revitalisation territoriale réussie. Le défi n’est pas de faire comme les autres, mais d’avoir de l’avance sur les autres. La stratégie d’aménagement des années 80 consommatrice vorace d’espaces verts, c’est fini.
La zone d’activité de Naréous s’installerait sur plus de 20 ha de prairies qui, à notre sens, doivent être protégées dès lors :
– que l’on a l’ambition d’améliorer le cadre de vie de nos concitoyens en préservant la biodiversité à proximité de la ville ;
– que nous œuvrons pour la constitution de réserves foncières servant à de futures installations agricoles approvisionnant en priorité nos cantines scolaires, relais complémentaire aux productions agricoles locales ;
– que nous respectons nos engagements programmatiques, et l’évolution du droit (plan biodiversité), orientant la décision politique vers un objectif de zéro artificialisation nette des sols, en utilisant avec discernement et parcimonie le principe de la compensation;
– que nous mesurons avec responsabilité le coût et le risque d’un tel investissement, dans une conjoncture de crise et de forte incertitude.
En conséquence, les élus EELV ne voteront pas favorablement pour cette AMO. Nous demandons à ce que ce financement soit mobilisé pour établir à l’échelle de l’agglomération, et en concertation avec les communes, un schéma économique territorial partagé, qui nous présentera un diagnostic réactualisé, et surtout l’identification d’outils nous permettant d’appréhender, dans une réelle démarche de développement durable, la question du devenir économique de notre territoire.
Nous vous remercions pour votre écoute.
Groupe EELV32