L’Europe peut changer la donne
Partout dans le monde, les démocraties sont menacées. Partout dans le monde, l’effondrement écologique s’accélère. Cette étude commandée début 2023 par le député européen Yannick Jadot et réalisée par David Bornstein, propose de cerner les dynamiques communes à cette double crise.
En premier lieu, elle analyse le rôle de la libéralisation mondiale de l’économie sur les régimes de gouvernement et sur les politiques environnementales. Cette libéralisation globale, conférant une autonomie et une puissance inédite aux acteurs économiques privés, apparaît comme une cause majeure de l’affaiblissement des démocraties occidentales désormais menacées par des autocraties impérialistes telles que la Chine ou la Russie.
Au plan environnemental, le constat proposé par cette étude va l’encontre d’un certain nombre d’idées reçues : si les démocraties progressent – encore trop lentement – sur le chemin de politiques moins destructrices, les grandes autocraties, elles, assument une politique de terre brûlée, mettant en danger leurs populations et l’humanité toute entière. Un point de bascule politique et écologique est sur le point d’être atteint avec le ralliement de nombreux pays du “Sud global” aux puissances autocratiques.
Dans ce contexte, le bilan des COP dédiées à la sauvegarde du climat est clairement négatif : alors que la fenêtre d’action se referme, aucun processus de sortie des énergies fossiles n’a réellement été initié. Or, là encore, si les démocraties sont loin d’être exemplaires, les négociations sont largement bloquées par les grandes autocraties et leurs alliés.
Face à ces problématiques, il est essentiel d’analyser la pertinence des réponses données par le monde occidental. Si le gouvernement de Joe Biden a proposé une stratégie de défense des démocraties et de transformation des règles de la mondialisation économique, l’Amérique apparaît désormais isolée et fragilisée. L’Europe, quant à elle, peine à définir une approche cohérente et n’influe que marginalement sur ces processus.
Dans cette perspective, l’étude préconise une stratégie pour l’Union. Il s’agit, entre autres, de renforcer l’unité européenne au plan politique et diplomatique, de réduire les dépendances à l’égard des autocraties, et de créer de nouvelles alliances – écologiques et économiques – avec les partenaires occidentaux et avec les pays du Sud. L’Europe a parfaitement les moyens de réaliser ces objectifs et de changer la donne globale.