Mayotte dévastée : l’urgence d’une justice climatique et sociale

La violence du cyclone qui a frappé Mayotte le samedi 14 décembre 2024 est inédite depuis 90 ans. Ce drame souligne les failles profondes d’un territoire français longtemps négligé et témoigne de l’urgence d’une action climatique et sociale coordonnée.

Les destructions apocalyptiques causées par le cyclone Chido ne sont que la partie visible d’un problème bien plus profond : celui des vulnérabilités sociales et environnementales accumulées à Mayotte. L’ampleur des dégâts n’est pas seulement le résultat d’un phénomène climatique extrême, mais aussi le reflet de la précarité des infrastructures, de l’absence de services publics adaptés et des inégalités abyssales. Plus de 100 000 habitants vivent dans les bidonvilles de Mayotte, sans accès suffisant à l’eau, à la santé ou à l’éducation, alors que la population connaît une forte croissance.

S’il n’y a pas encore de décompte systématique des personnes décédées, les chiffres officiels semblent bien éloignés des estimations qui atteignent parfois des dizaines de milliers de morts. Mayotte est détruite, les habitants manquent de tout. Les vivres et l’eau potable sont une denrée rare. L’accès à l’électricité est coupé pour la plupart des habitants. Les corps sans vie s’entassent sous les décombres. Sans accès à l’eau potable, la situation sanitaire peut très vite déraper. L’heure est à l’aide humanitaire d’urgence. La France est ses partenaires doivent envoyer des secours, des vivres et du matériel de survie en grande quantité.

Dans ce contexte de dévastation, la réaction du Premier ministre François Bayrou est indigne. Alors que Mayotte subissait l’une des pires catastrophes climatiques de son histoire, F. Bayrou a préféré se rendre au conseil municipal de Pau, quittant prématurément la réunion de crise dédiée à Mayotte. Par la suite, il a semblé complètement déconnecté de la situation, oubliant même que Mayotte était un territoire français. Bruno Retailleau, notre ministre de l’Intérieur démissionnaire, a aussi profité du drame que vivent les Mahorais pour nous livrer sa rhétorique anti-immigration. Ces réactions sont à vomir. Les habitants de Mayotte sont en train de payer des décennies d’inaction de nos gouvernements et ils doivent désormais endurer les réactions indignes de nos dirigeants.

Dans un premier temps, la France et ses partenaires européens doivent tout mettre en oeuvre pour fournir l’aide humanitaire d’urgence nécessaire. C’est une question de survie pour des dizaines de milliers de Mahorais. Dans un second temps, le gouvernement devra s’engager dans un grand plan de reconstruction et de développement de Mayotte, qui reste le département le plus pauvre de France. Ce plan devra s’efforcer de réduire drastiquement les inégalités et d’adapter le département aux conséquences du réchauffement climatique. Les Mahorais sont les Français en 1ère ligne face aux événements climatiques extrêmes qui ne seront que plus fréquents dans le futur. Le cyclone Chido est un signal d’alarme. Le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour protéger la population. 

Le drame que vit Mayotte nous rappelle malheureusement que les premières victimes du réchauffement climatique sont les populations et les territoires les plus précaires. La justice sociale et la justice climatique sont indissociables.

Mounir Satouri

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