Plan d’action bio : le Parlement européen fait le service minimum
La commission de l’agriculture du Parlement européen vient d’adopter sa position sur le projet de plan d’action biologique. Un texte acceptable mais sans souffle, qui ne compense pas les renoncements environnementaux récents dans les politiques européennes. Le texte final sera voté en plénière avant l’été.
Déclaration de Claude GRUFFAT, membre écologiste de la Commission des Affaires Agricoles du Parlement européen :
« En tant que négociateur des écologistes sur ce texte et intimement convaincu que l’agriculture bio est la solution pour notre résilience alimentaire, je voterai pour le texte, mais je suis très déçu par le manque d’ambition de son contenu et par la façon dont le travail en Commission s’est déroulé.
Après les renoncements environnementaux de la nouvelle PAC et alors que la guerre en Ukraine nous rappelle l’urgence de sortir d’un modèle agricole sous perfusion d’hydrocarbures pour ses engrais et ses pesticides, la rapportrice, Madame Schmiedtbauer (PPE autrichienne), a systématiquement sabordé nos amendements visant à accélérer la transition vers un système durable, s’appuyant pour cela sur une alliance droite-extrême droite, préférant se reposer sur un texte favorable à la bio mais sans grande ambition.
Dans les aspects positifs du rapport on notera l’attention à une meilleure information des consommateurs sur les avantages de l’agriculture biologique. Je me réjouis aussi de la demande d’un renforcement des contrôles ainsi que d’un rôle accru accordé aux acteurs locaux, visant notamment à développer le bio dans les cantines, dans les circuits courts et de proximité, de structurer des filières territoriales et de soutenir la recherche.
Malheureusement le rapport n’est pas exempts de défauts. Par exemple le texte fait des amalgames et entretient la confusion entre la bio et certaines approches de l’agriculture conventionnelle pourtant sans bénéfices environnementaux. Plus grave, le texte final ne reprend pas l’objectif des 25% de surfaces cultivées en 2030, présent dans la proposition initiale de la Commission et pourtant au cœur des stratégies européennes « De la Ferme à la table » (Farm to Fork) et sur la biodiversité citées par ailleurs.
Aussi, il signale que le développement des surfaces doit être axé sur le marché mais en évoquant trop timidement l’importance d’accompagner par des mesures politiques pour stimuler l’offre et la demande.
Afin de retarder toujours plus les échéances il réclame aussi des études d’impact pour justifier le développement de l’agriculture biologique alors que la littérature scientifique foisonne déjà sur le sujet. Enfin, le texte évoque la technologie comme une potion magique qui sauvera l’environnement à coup de GPS. On a même frôlé le retour des OGM en tant que solution écologique ! A noter que nous avons pu faire passer une demande à la Commission de prendre en compte le coût exorbitant pour la filière de la coexistence avec lesdits OGM. »