Plan de relance européen : défendons un avenir plus durable et plus solidaire
Réaction de Claude GRUFFAT suite à la présentation du plan de relance post-crise de la Commission européenne.
Le plan #NextGenerationEU présenté aujourd’hui par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen est un moment assez inédit – historique pour certains – pour l’Union européenne. D’abord en ce qu’il en appelle à une mutualisation du financement des plans de relance post-covid. Cette idée, portée depuis le début par les écologistes et reprise dans le plan Macron-Merkel de la semaine dernière, figure dans la copie rendue par la Commission. Une avancée qui, si elle voit le jour, serait une grande première en terme de solidarité. Mais cela dépend maintenant du bon vouloir des quatre 4 pays encore réticents et détenteurs du droit de véto (Autriche, Pays-Bas, Suède, Finlande).
De son côté, le montant important du chiffre annoncée est bien loin de celui réclamé par le Parlement européen (2000 milliards€) ou par les écologistes (5000 milliards€). Il ne rend par ailleurs que plus criante encore l’absence de vision commune pour une Europe enfin durable et solidaire. En effet, les 750 milliards € de la Commission constituent une somme historique et sont destinés au financement d’un futur plus vert, mais ils seraient tellement plus efficaces si la Commission ne laissait pas les États en engager 2 300 de leur côté sans la moindre condition climatique ou environnementale ! J’avais d’ailleurs interpellé la Commissaire européenne à la concurrence à ce sujet en début de semaine.
Au niveau agricole, il est à noter qu’il aura fallu une crise de cette ampleur pour ramener le budget du deuxième pilier de la PAC (Politique agricole commune) au niveau qui était le sien jusqu’à présent. C’était une demande des écologistes. La proposition sur ce sujet est clairement un désaveu pour l’ancien commissaire à l’agriculture Phil Hogan, qui avait proposé en 2018 de baisser la PAC en amputant ce deuxième pilier de 20 milliards.
Or, c’est justement à ce pilier, théoriquement consacré au développement rural, que devraient aller ces 15 milliards supplémentaires. C’est un signe de l’ambition du plan de relance. Toutefois, nous resterons attentifs à ce que cette somme finance vraiment des projets liés à l’agroécologie, l’agroforesterie l’agriculture biologique, le Bio et local et autres pratiques saines, durables et à même de rendre notre modèle agricole résilient et non une fuite en avant technologique.
La crise du covid19 marque aussi un moment historique de la construction européenne. En empêchant les élus de siéger normalement et de travailler dans des conditions décentes, l’exercice à distance de la démocratie tel que mené ces derniers mois a jeté le trouble sur l’exercice même de la fonction parlementaire. Lors de son intervention devant nous, la Présidente von der Leyen a tendu la main au Parlement européen, le replaçant au centre de la démocratie européenne alors que ces dernières semaines avaient eu tendance à éroder quelque peu son influence. Une main tendue que nous saurons saisir.