PPE : le gouvernement ne doit pas reporter la transition énergétique !

Alors que la France est encore en prise avec la colère d’un mouvement spontané des gilets jaunes, le gouvernement s’apprête à annoncer enfin la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), jusque là sans cesse reportée.

Dans un contexte d’inégalités sociales grandissantes, la question de l’énergie est centrale. La précarité énergétique touche près de 4 millions de ménages, en zones rurales comme en zones urbaines, grevant chaque année un peu plus le budget des Français·e·s. Dans cette équation, les plus précaires subissent la double peine : ils paient trop cher et sont les plus exposés aux pollutions générées.

En France les ressources ne manquent pas pour une énergie décarbonée, bon marché et indépendante : éolien, photovoltaïque, énergie hydraulique, géothermie, etc. Pourtant, le choix de la France est quasi intégralement tourné vers le nucléaire, une énergie chère, qui nous rend dépendante des pays producteurs, dont on ne sait que faire des déchets, et enfin une épée de Damoclès permanente tant elle est dangereuse.

Aujourd’hui, les renouvelables font la preuve de leur avantage compétitif, tant économique (MWh énergies fossiles dans les pays du G20 = entre 49 et 174 $ / MWh renouvelables = entre 35 à 54 $) qu’écologique. Ils sont, en outre, 6 créateurs d’emplois à travers le territoire alors que le nucléaire concentre en quelques pôles bien moins d’emplois.

La PPE est l’occasion de respecter enfin les engagements de la France, ceux de la loi de transition énergétique de 2015, qui engageait la sortie du nucléaire et donnait le pouvoir au Parlement après des années de confiscation technocratique des choix énergétiques. C’est aussi une étape indispensable vers les engagements de l’Accord de Paris et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, à ce jour, trois scénarios restent en discussion, dont deux qui dont deux qui pour l’un cèdent partiellement et l’autre totalement au lobby nucléaire et ne prennent pas d’engagement pour l’avenir.

Un premier, défendu jusqu’à son départ par Nicolas Hulot, qui fait le choix de l’indépendance énergétique et de la justice sociale, envisage de fermer enfin des centrales nucléaires pour enfin développer les énergies renouvelables. Un deuxième scénario traduit la voix des lobbies du nucléaire et se conforme aux demandes d’EDF. Un troisième, dit de compromis, laisse le champ libre au nucléaire sans respecter les engagements internationaux de la France en matière de renouvelables.

Pour Europe Ecologie – Les Verts, la transition écologique est une nécessité et une urgence. Le seul scénario acceptable est celui qui allie pragmatisme politique et courage de miser sur les technologies d’avenir. Malheureusement, ce scénario n’existe pas dans les projections du gouvernement contrairement à la lettre de la loi de transition énergétique votée en 2015 et dont les objectifs sont depuis piétinés.

Pour que la transition ne laisse personne sur le bord du chemin, il est nécessaire d’allier au plan de transition vers les renouvelables un plan de réduction de la consommation d’énergie, particulièrement via l’isolation des bâtiments.

Europe Écologie – Les Verts demande au gouvernement de faire le choix du scénario qui engage la France à atteindre les 50% d’électricité nucléaire en 2035, avec 40% d’électricité renouvelable dès 2030 (contre 71,6% et 17,6% respectivement en 2017). En deçà de cet objectif, la PPE sera un nouveau recul et une énième occasion manquée pour la transition énergétique.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux

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