UE-MERCOSUR : Les Etats membres doivent empêcher la Commission de passer en force.

Le 6 décembre, au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, Ursula von der Leyen a annoncé depuis Montevideo avoir conclu les négociations de l’accord de libre-échange UE-MERCOSUR. Ce traité devra recueillir l’approbation des États membres à la majorité qualifiée (au moins 15 États). La France doit tout mettre en œuvre pour construire une coalition avec d’autres pays de l’UE afin de former une minorité de blocage.

La stratégie d’Ursula von der Leyen pour court-circuiter les États membres

L’accord UE-MERCOSUR est un « accord mixte » : il s’agit avant tout d’un accord commercial, qui relève de la compétence exclusive de l’UE, mais il couvre également des domaines relevant des compétences nationales, notamment l’environnement et la propriété intellectuelle. Par conséquent, il doit être ratifié par l’ensemble des 27 parlements nationaux. L’Assemblée nationale française, qui s’est positionnée fermement contre cet accord, pourrait en bloquer l’entrée en vigueur.

Face à cette menace, bien identifiée par la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen pourrait envisager de scinder l’accord en deux parties. Ainsi, la composante commerciale (la plus controversée) pourrait être isolée et soumise uniquement à l’approbation du Conseil à la majorité qualifiée, contournant ainsi les parlements nationaux.

Cette manœuvre constitue un véritable coup de force et un déni de démocratie qui ne fera qu’alimenter l’euroscepticisme et la méfiance des citoyens envers l’Union.

Un accord désastreux en tout point

Du point de vue de l’environnement, cet accord est incompatible avec nos objectifs climatiques pour plusieurs raisons. D’abord, à l’heure où nos sociétés devraient favoriser l’approvisionnement local et les circuits courts, multiplier les échanges transnationaux et accroître le trafic maritime va à l’encontre des recommandations climatiques.

Ensuite, l’accord favorisera massivement les exportations agricoles des pays d’Amérique du Sud, créant des incitations à une production de masse. Cela conduira à une déforestation accrue pour convertir les forêts primaires en terres agricoles, aggravant ainsi la crise climatique et la perte de biodiversité.

Pour les agriculteurs européens, les conséquences seraient tout aussi dramatiques. La suppression de 95 % des droits de douane sur les produits agricoles en provenance du Mercosur mettrait les exploitants locaux en concurrence directe avec des produits agricoles sud-américains à bas coût et produits selon des normes environnementales beaucoup moins strictes. Rien qu’au Brésil, plus de 500 pesticides sont autorisés, dont 150 sont interdits dans l’UE. Ces pratiques favorisent les grandes entreprises agro-industrielles au détriment des petits producteurs, des travailleurs et des communautés locales, rendant les conditions de vie des agriculteurs européens encore plus précaires.

Enfin, en termes de droits humains, cet accord est une menace directe pour les peuples autochtones et les communautés locales. Leurs terres sont expropriées pour développer l’agro-industrie et exploiter les ressources naturelles. Ces terres, tout comme leurs rivières, sont irréversiblement polluées. Ces populations, déjà marginalisées, sont souvent exclues des consultations sur les accords commerciaux, et celles qui osent s’opposer à ces projets sont criminalisées et réprimées.

Faisons entendre notre voix

Face à un traité qui enrichira les multinationales mais ne profitera ni aux travailleurs, ni à l’environnement, ni aux petites exploitations agricoles, il est crucial d’agir. Dites non à l’accord UE-MERCOSUR en écrivant aux ministres des États membres de l’UE via ce lien : https://act.greens-efa.eu/fr/mercosur?referrer=group-delegation-europe-ecologie.

Il est urgent de promouvoir une économie fondée sur la solidarité, la justice sociale et la préservation de notre planète. Soutenons un modèle agricole respectueux de l’environnement tout en garantissant un revenu décent à nos agriculteurs. Affirmons que les droits humains et l’écologie doivent être au cœur de nos choix commerciaux. Ensemble, faisons front pour protéger notre avenir.

Mounir Satouri

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